Qui a volé mon sèche cheveux ?

*Plouf*


Paradoxalement, Mlle Fontaine atterrit dans … une piscine. Oui, une piscine peu profonde, mais une piscine !

Après s’être assise dans l’eau, elle se mit à regarder autour d’elle, pour se rendre compte qu’elle n’était plus dans le petit confort personnel de sa grande salle de bain. Elle était … Où elle était ? Elle n’en savait rien, ce n’était pas une situation très confortable, surtout qu’elle n’était encore vêtue que de sa serviette de bain… Génial pour partir à l’aventure !

Elle finit par sortir de l’eau, pas forcément à la recherche de quelque chose précis, si ce n’est savoir où elle était, et pourquoi elle y était. Elle se souvenait juste d’avoir trébuché, puis plus rien, comme un gros trou noir, le vide.

L’instinct féminin prit finalement le dessus sur toutes les questions qu’elle se posait :

« Mais où est mon sèche cheveux ?! »

Avec finalement pour but que de le retrouver, Alexandra se mit à visiter le tour de la piscine, le yeux rivés vers le sol, cherchant même par moment si il n’était pas non plus tombé dans l’eau , cherchant parfois plus loin que sur le bord de l’eau. Mais plus loin, il n’y avait rien, rien de rien. C’était désespérant !

Elle finit par tomber à genoux et se mit à pleurer dans sa serviette encore trempée par l’eau du bassin, pleurer à chaudes larmes comme jamais elle n’avait pleuré, il y aurait du travail avant de retrouver le bonheur …

Elle se ressaisit après plusieurs « heures » (même si il n’y a pas vraiment de temps dans la salle) et se mit à explorer plus en profondeur l’endroit où elle se trouvait.

« Héééé ?! Y’a pas quelqu’un qu’a une brosse, au moins ?! »

Un bruit se fait entendre un peu plus loin.

Mais quand Alexandra se retourna, il n'y avait déjà plus rien. A moins qu'il n'y aie jamais rien eu et qu'elle se soit fait des idées.

Quand soudain un autre bruit retentit, plus loin. Là encore, circulez, y'a rien à voir.

Peut-être cet endroit était-il en train de la rendre folle ? Peut-être allait-elle perdre jusqu'à la raison, elle qui avait déjà souffert plus que de raison de la perte de son sèche-cheveux ? Quel horrible destin...

Les bruits semblaient venir de partout à la fois, et de nulle part. Difficile de localiser quelque chose ainsi.

Finalement, la jeune femme entendit un bruit dans la piscine, et put en se retournant voir une jeune fille blonde, hilare, qui pataugeait dans les endroits de faible profondeur. La jeune fille s'arrêta de rire, mais garda un air rien tout sauf triste au visage. Elle pencha la tête de côté, semblant essayer de comprendre ce qu'était Alexandra. Puis soudain elle se redressa, et courut vers la jeune femme.

" Héééééééé ! T'es toute mouillée ! Viens te sêcher dehors ! "

Elle éclata d'un rire dont il était difficile de dire s'il était moqueur ou sincère. Puis elle tourna autour d'Alexandra, en sautillant.

" Hiiii ! T'es toute comme moi, mais en plus grande ! "

"Bien sûr que je suis toute mouillée, tu vois pas la piscine petite peste !"


Alexandra n'était pas d'humeur gentille, elle qui ne comprennait toujours pourquoi elle était là, et pourquoi cette gamine se moquait d'elle ainsi. Mais aprés avoir regardé la petite fille un moment fut prit d'un léger, trés léger sentiment de culpabilité lorsqu'elle crut voir des petites larmes se former aux coins de ses yeux.

"Attends ... Petite ! Je voulais pas te dire ça, t'as l'air toute gentille."

Ne savait toujours pas quoi dire, elle s'avancait vers l'endroit où se trouvait Emy en tendant la main, et dit pour convaincre de sa gentillesse :

"Puisqu'on est toutes les deux presque pareilles, on aurait pu être soeur hein. Alors ...On pourrait visiter le coin ensemble, qu'est ce que t'en dis ?"

Elle attendait une réponse qui ne semblait pas arriver. Interminable minute pendant laquelle Mlle Fontaine se retenait de respirer...

Et Miss Fontaine avait vu juste. C'était bien un début de pleurs qu'elle avait détecté.

Mais ce départ de flammes s'était instantanément rétracté à sa proposition. Emy resta dans une attitude boudeuse, histoire de bien enfoncer le clou, de se rendre indispensable. Mais il était clair pour elle qu'elle allait emmener la "grande" avec elle, ne serait-ce que pour étaler sa science.

Son expression muette se transforma à nouveau en un grand sourire, et Alexandra put se rendre compte à quel point Emy était indéchiffrable. Ses pleurs pouvaient dissimuler une joie intense, tout comme son sourire jusqu'aux oreilles pouvait n'être qu'un masque vide de sens. Cette petite fille n'était sûrement pas ordinaire. Etrange jusqu'au bout, insaisissable. Mais elle semblait en savoir beaucoup sur ce lieu, ne serait-ce que par son manque total de surprise quant à la présence d'une piscine ou d'une jeune femme en tenue légère par ici.

Le ton fut enjoué quand Emy répondit, tranquillement, à son "grand moi" - c'était le surnom d'Alexandra pour Emy, désormais.

" Ouais ! On va s'balader ! Y'a plein de trucs chouettes, par ici. Et y'a des gens bizarres, plus que toi, même. "

Sourire aux lèvres, Emy sautilla pour la forme une fois ou deux autour d'Alexandra, avant de filer vers une porte, se campant là-bas dans une attitude peu naturelle, poings sur les hanches, comme si elle était une conquérante, en terrain connu. Trop facile.

" Ouais, même que j'pense que tu vas bien t'plaire ici ! Y'a des gens qui croient qu'ils sont morts, mais ils sont comme nous, alors ils sont pas morts ! Hi hi hi...Trop bêtes, non ? "

Remarque innocente ? Sans doute. Encore restait-il que cela pouvait être pour le moins troublant pour Alexandra...

Alexandra chuchotât pour elle même :

« …Mort ?… »


Elle prit alors conscience de tout ce qui c’était passé, le fait est qu’elle n’avait pas à être ici, mais où était elle d’ailleurs ? Elle ne le savait toujours pas et la présence d’une gamine qui sautille partout n’allait pas l’aider à réfléchir correctement.

Enfin bon, il fallait bien suivre cette ‘mini-elle ‘, avant qu’elle ne fasse un caprice, et finalement elle pourrait lui être utile un petit moment.

Elle se levât et se dirigeât vers la porte où se tenait Emy, un petit sourire au lèvre, pour que cette dernière ne se vexe pas encore une fois…

« On pourrait commencer par s’habiller nan ? T’as pas par hasards des fringues un peu trop grandes pour toi ? »